StopArmesMutilantes.org Interdisons les armes mutilantes !
Les armes mutilantes : un problème aux multiples facettes

Campagne StopArmesMutilantes - Avril 2021

À diffuser largement !

  Alors que la France traverse une grave crise sanitaire, avec ses impacts économiques, sociaux et démocratiques, le gouvernement augmente sa politique répressive (lois liberticides, effectifs supplémentaires de policiers et de gendarmes, création d’une "école de guerre" à Montpellier, nouvelles commandes de munitions, …) laissant entrevoir un usage accru des armes mutilantes comme moyen d’intimidation, et sans investir les moyens nécessaires pour les services publics de santé, de recherche ou encore d’éducation.

 

Il y a un an, le 4 avril 2020, une fillette de 5 ans, accompagnée de sa famille, était frappée au crâne alors que la police effectuait des tirs de LBD. C'était pendant le premier confinement dans un quartier de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) et la fillette a dû être placée en coma artificiel à cause de la fracture [1,2]. Contrairement à d’autres blessé.e.s et mutilié.e.s par les armes dites non-létales, elle n'était certainement pas la cible des tirs, mais une « victime collatérale » comme il y en a tant dans les conflits armés.

  

La non-létalité présumée des armes mutilantes (LBD, grenades) est un prétexte pour poursuivre la course aux armements que l’on observe chez les forces policières [3]. Celles-ci ne tueraient pas, l'État peut donc les utiliser sans ménagement. Cette licence d’utilisation fait aujourd’hui de ces armes un problème aux multiples facettes.

 

Dégats démesurés. Contrairement à leur appellation, ces armes ont tué, tuent et tueront encore si elles ne sont pas interdites : Zineb Redouane atteinte par une grenade lacrymogène en marge d’une manifestation de gilets jaunes à Marseille en 2018 [4] ou encore Rémi Fraisse tué par une grenade offensive lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens en 2014, une mort dont on finira par connaître les responsabilités [5]. Quand elles ne tuent pas, ces armes mutilent à vie. Les exemples de mains arrachées, d’yeux crevés, de crânes ou visages défoncés sont connus et malheureusement nombreux [6]. Ces armes agissent aussi sur la psychologie des populations. Au premier chef, de celles et ceux qui sont blessé.e.s ou mutilé.e.s, mais aussi de celles et ceux qui savent qu’elles ou ils auraient pu l'être.

 

Addictions dangereuses. Appuyer sur la gâchette devient plus facile lorsque les armes sont dites non-létales et lorsque leur usage est autorisé, voire encouragé. Les tirs tendus ou à bout portant visant les personnes sont ainsi devenus une pratique courante. Cette nouvelle addiction au tir est entretenue par des commandes massives. Alors que des stocks sont toujours disponibles, 170 000 balles de LBD ont été commandées à la mi-mars 2021, dont 10 000 sont des balles marquantes [7,8]. Ces dernières sont complémentaires aux dispositifs et lois de surveillance de la population dont les plus récents adoptés ou en cours d’adoption : décrets de fichage [9], loi sécurité globale [10, 11], loi dite « séparatisme » [12]. Aussi, dans une sorte de jeu récréatif type Paint-Ball, les balles marquantes renforcent l’illusion de la non-létalité [8]. Cette dérive « ludique » du maintien de l’ordre n’a pas échappé à des créateurs de jeux de vidéo [13]. Par ailleurs, le cercle des tireurs potentiels s’élargit avec les nouvelles dispositions législatives visant à étendre les catégories d’agents autorisés à utiliser ces armes, notamment vers les sociétés privées [14].

 

Dénis répressifs. Face à la conflictualité, naturelle dans toute société, le choix est fait de s’enfoncer dans cette dérive de répression et de mutilation. De plus en plus souvent, les contestations populaires doivent faire face à une armée suréquipée et dangereuse. Elles doivent être étouffées et disparaître. En parallèle, les dispositifs législatifs restreignant nos libertés agissent comme des pièges desquels on ne peut sortir sans risquer d’affronter les tirs. Mais cette répression qui s’affiche ne veut pas de publicité au-delà. Il faut rendre invisibles aux yeux du « grand public » les dégâts liés à l’usage des armes mutilantes et des brutalités que les smartphones et les réseaux sociaux mettent de plus en plus en lumière [15]. Là aussi, les nouvelles lois offrent la possibilité de poursuivre celles et ceux qui documenteraient les violences [10,12]. La pratique qui consistait à effacer les traces, par exemple dans les quartiers populaires en détruisant les téléphones portables [16], se poursuit également sous différentes formes. Récemment un membre du collectif Désarmons-les ! a été condamné pour violences alors qu'il ramassait des débris de munitions comme preuves de leur utilisation [17].

Tous les ingrédients sont donc réunis pour favoriser une répression large qui marque les corps et les esprits, tout en se présentant comme un rempart démocratique face aux dérives extrémistes. La poursuite des politiques gouvernementales inégalitaires dans le contexte actuel de crise sanitaire ne repose plus que sur le contrôle de l’appareil législatif et sur le déploiement d’une police surarmée qui devient un élément incontournable [18], qui exige l’impunité et qu’il faut cajoler [19], en lui octroyant par exemple de nouveaux droits comme les transports gratuits qui étaient il y a quelques mois décriés comme des « privilèges » des cheminots …

 

Dans cette époque de dérive autoritaire, les armes mutilantes continuent donc à faire parler d’elles, que ce soit par des nouvelles victimes [20] ou par les instructions judiciaires en cours [21]. Arrêtons donc cette spirale et commençons par faire interdire toutes les armes policières mutilantes dites
« non-létales » ! C’est une étape indispensable pour retrouver nos libertés !

Liens et références

[1] https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/07/chanteloup-les-vignes-si-les-blessures-de-la-petite-fille-sont-en-lien-avec-un-tir-de-lbd-on-le-saura_6035814_3224.html

[2] https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/aurait-dit-une-zone-de-guerre-le-pere-de-la-fillette-de-5-blessee-a-chanteloup-les-vignes-temoigne-1586580367

[3] Paul ROCHER, Gazer, mutiler, soumettre, La Fabrique, 2020.

[4] https://www.huffingtonpost.fr/entry/mort-de-zineb-redouane-une-contre-expertise-de-disclose-met-en-cause-les-crs_fr_5fc53076c5b63d1b770e6c0b

[5] Voir par exemple : https://www.lefigaro.fr/faits-divers/mort-de-remi-fraisse-decision-de-la-cour-de-cassation-attendue-sur-le-non-lieu-accorde-au-gendarme-auteur-du-tir-de-grenade-20210323

[6] Voir par exemple :

https://desarmons.net/listes-des-victimes/personnes-mutilees-par-les-forces-de-lordre/

https://bastamag.net/webdocs/police/

https://www.stoparmesmutilantes.org/des-victimes-par-centaines/

[7] https://nantes-revoltee.com/le-gouvernement-commande-170-000-munitions-supplementaires-de-lbd/ 

[8] https://twitter.com/PaulRocher10/status/1372133827372535811

[9] Article de la Quadrature du net : Décrets PASP : fichage massif des militants politiques https://www.laquadrature.net/2020/12/08/decrets-pasp-fichage-massif-des-militants-politiques/

Décret n° 2020-1511 du 2 décembre 2020 modifiant les dispositions du code de la sécurité intérieure relatives au traitement de données à caractère personnel dénommé « Prévention des atteintes à la sécurité publique »https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042607323

Décret n° 2020-1512 du 2 décembre 2020 modifiant les dispositions du code de la sécurité intérieure relatives au traitement de données à caractère personnel dénommé « Gestion de l'information et prévention des atteintes à la sécurité publique. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042607387

Décret n° 2020-1510 du 2 décembre 2020 modifiant les dispositions du code de la sécurité intérieure relatives au traitement de données à caractère personnel dénommé « Enquêtes administratives liées à la sécurité publique » https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042607266

[10]  https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15t0599_texte-adopte-provisoire.pdf

[11] Karine PARROT et Stéphane ELMADJIAN, Sécurité globale, de quel droit ?, documentaire, 2021.

[12] Dossier législatif relatif au Projet de loi confortant le respect des principes de la République (Loi séparatisme) https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000042635616/

[13] Voir : https://twitter.com/CerveauxNon/status/1383798576052985874

 https://www.geekgeneration.fr/riot-control-simulator-une-simulation-de-crs-annoncee-sur-console-et-pc/

[14] Livre blanc de la sécurité intérieure, p. 6.  et p. 152-153. https://www.interieur.gouv.fr/fr/content/download/125071/1001195/file/livre-blanc-de-la-securite-interieure.pdf

[15] David DUFRESNE, Un pays qui se tient sage, documentaire, 2020.

[16] Ian B, À nos corps défendant, documentaire, 2019.

[17] Voir par exemple : https://reporterre.net/Pour-faire-taire-Ian-B-expert-des-violences-policieres-la-justice-le-condamne-a-huit-mois

[18] Voir par exemple la pression qui a poussé Castaner à démissionner : https://www.publicsenat.fr/article/politique/christophe-castaner-le-premier-defenseur-des-flics-de-france-quitte-beauvau-183705

[19] En ce moment avec le « Beauvau de la sécurité ».

[20] https://www.liberation.fr/societe/police-justice/eborgne-lors-dune-fete-clandestine-les-policiers-quand-meme-ils-sen-sont-bien-tires-20210219_EP5HQ6ELSRAABGUE2WXYRVZR5E/

[21] Voir par exemple :

https://www.lesmutilespourlexemple.fr/2021/02/08/reouverture-pour-antoine/

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/l-etat-reconnait-sa-responsabilite-dans-les-blessures-de-lilian-lyceen-strasbourgeois-grievement-blesse-par-un-tir-de-lbd-en-janvier-2019_4335681.html

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